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Soutenance de thèse: Laura CIUCCI (19 Juillet 2019)

Centre: UMR LISA

Projet: TERRA

Discipline et Mention: Sciences Economiques

Titre de la thèse: L'Université, transfert de technologie et dynamiques locales d'innovation: une étude des intéractions entre acteurs académiques et non académiques

Résumé vulgarisé:

Depuis l'émergence, ces dernières décennies, des économies fondées sur la connaissance, les décideurs publics ainsi que le monde académique ont décidé d’accorder une attention particulière à la connaissance et à l'innovation comme moteurs des dynamiques de croissance économique.

Dans la littérature, les externalités inhérentes aux caractéristiques de bien public de la connaissance ont rapidement fait de la proximité géographique une problématique de premier ordre. 

De leur côté, les politiques publiques d’innovation et de recherche, que ce soit à l’échelle régionale, nationale ou européenne, ont accordé un rôle de plus en plus important aux relations Université-Industrie, et à la valorisation des résultats de la recherche académique. Cela a eu pour conséquence directe, dans un grand nombre de pays, d’attribuer aux universités, au-delà de leurs traditionnelles activités d’enseignement et de recherche, une troisième mission : désormais, elles doivent contribuer au développement économique, social et culturel de la société.

Parallèlement à ce phénomène, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche ont été dans l’obligation de se soumettre à un niveau de compétition accru. De plus ces établissements, notamment dans les pays d’Europe continentale, ont dû faire face à la diminution des subventions publiques qui leur étaient allouées, associée au développement des financements sur projet.

Ensemble, ces différents éléments ont constitué un terreau particulièrement fertile au développement des activités de transfert de technologie (TT) et aux structures qui en ont la charge, les bureaux de transfert de technologie (BTT).

Dans ce cadre, notre travail vise à comprendre dans quelle mesure, et de quelle(s) façon(s), les activités de transfert de technologie exercées par les universités, et les BTT créés à cet effet, peuvent influencer les dynamiques locales d’innovation. Pour répondre à cette problématique, nous devons nous fixer deux objectifs.

Tout d'abord, nous cherchons à identifier et à mesurer les effets des activités de transfert et des BTT sur les dynamiques locales d'innovation. Cette dernière notion fait référence aux performances d'innovation et au niveau d'interaction entre acteurs académiques et non académiques. L'étude de ces deux dimensions tient au fait que l'on attend souvent des activités de transfert et des TTO (i) qu'ils permettent à la société, et aux entreprises en particulier, de bénéficier davantage des résultats de la recherche publique et (ii) qu'ils contribuent au renforcement des liens Université-Industrie.

Afin d'atteindre notre premier objectif, une analyse quantitative, déclinée en deux études, est réalisée sur des données à l'échelle des provinces italiennes (équivalent des départements français), sur la période 1998-2009.

La première étude quantitative s'intéresse aux effets du transfert de technologie sur les performances d'innovation des provinces, mesurées par le nombre de brevets déposés pour      100 000 habitants. Ce travail constitue, à notre connaissance, le premier se référant au cas de l’Italie.

Afin de tenir compte de l'autre dimension envisagée à travers la notion de dynamiques locales d'innovation, la seconde analyse quantitative se focalise sur le rôle du transfert de technologie dans le renforcement des liens Université-Industrie à l'échelle locale. Pour ce faire, une mesure originale de la distance entre recherche académique et non académique est proposée. Ce concept de proximité est mesuré à travers une application inédite de l'indicateur élaboré par Jaffe (1986) sur le nombre annuel de brevets académiques et non académiques, à l'échelle locale. Précisons que les brevets sont qualifiés d’académiques si l’un de leurs inventeurs au moins est identifié comme chercheur au sein d’une université, quel que soit le type de propriétaire des brevets. L'objectif de cette étude est de chercher à comprendre si l'implication des universités dans des activités de transfert permet une intensification des liens entre les acteurs de l'innovation académiques et non académiques sur un territoire.

Dans chacune de ces deux études, nous analysons l'effet des activités de transfert en tenant compte d’un ensemble de facteurs socioéconomiques et technologiques. Dans un second temps, nous nous penchons sur l'effet de l'institutionnalisation de ces activités à travers la création de BTT. La validité de l’ensemble de nos résultats est confirmée par la réalisation de plusieurs tests de robustesse, passant notamment par l’estimation de différentes spécifications alternatives.

A l'issue de cette analyse quantitative, nous arrivons à la conclusion que les activités de transfert de technologie menées par les universités ont un effet bénéfique statistiquement significatif à l'échelle locale, aussi bien comme catalyseurs des activités d'innovation que comme intermédiaires créant un pont entre deux communautés souvent considérées comme ayant des difficultés à interagir et à communiquer entre elles. En revanche, l'existence d'effets statistiquement significatifs des BTT n’est pas établie. Ce résultat peut toutefois s'expliquer par le fait que, durant la période considérée dans cette étude, la plupart des BTT italiens étaient encore des structures relativement jeunes et de taille limitée.    

Le second objectif de cette thèse est d’améliorer notre compréhension des mécanismes à l'œuvre derrière les effets du transfert de technologie à l'échelle locale. Au-delà d'un approfondissement de notre connaissance des modes de fonctionnement et des relations entre acteurs, il s'agit de comprendre à quoi ces effets peuvent être imputés, et plus particulièrement, de déterminer lesquels sont suffisamment efficaces pour générer les effets positifs observés. Pour parvenir à ce second objectif, une analyse qualitative est réalisée sur la base d’une revue documentaire approfondie et d’entretiens avec des acteurs du TT des universités de Pise et de Strasbourg.

L'analyse des entretiens est réalisée en deux temps. Une première lecture permet de mieux comprendre l'organisation du transfert de technologie dans les deux cas, et notamment les structures d'intermédiation et leur évolution. De plus, une attention particulière est portée à la perception de l'intervention publique nationale et régionale, par les différents acteurs interrogés. A cette occasion, et malgré des différences marquées entre les deux cas, un certain nombre de défaillances communes aux deux systèmes semblent émerger. Dans un second temps, une analyse des cooccurrences de codes les plus fréquentes est menée afin de mieux appréhender les ressentis des personnes et la manière, très révélatrice, dont elles associent certaines idées.

Différents éléments d’analyse sont ainsi mis en évidence, tels que l'importance d'adopter une vision globale de la relation Université-Industrie ou la mise en tension des établissements du fait de contraintes financières trop importantes. En outre, les motivations des chercheurs à s’engager dans les activités de TT, ainsi que les échelles spatiales pertinentes de l'action publique dans les deux cas étudiés, font ici l’objet d’un examen attentif.

Concernant les raisons susceptibles d’expliquer les effets bénéfiques du transfert de technologie sur les dynamiques d’innovation locales, les conclusions auxquelles nous parvenons sont nuancées.

Ainsi, les politiques publiques nationales et régionales semblent n'avoir eu que peu d'effets sur la structuration du transfert et son orientation vers le territoire dans le cas de Pise.

En revanche, dans le cas de Strasbourg, les efforts importants des pouvoirs publics, aux échelles nationale et régionale peuvent laisser penser que certains leviers d'action existent pour inciter une université à occuper un rôle central, à la fois catalyseur et structurant, dans l'écosystème d'innovation régional.

 

Mots-clés : Université, Transfert de technologie, Innovation, Brevets, Proximité technologique, Développement régional.

 

La soutenance aura lieu le vendredi 19 juillet à 14h, salle des Conseils du bâtiment Desanti, 4° étage, Campus Grimaldi

 

En savoir plus: Résumé scientifique

 

DAVID MOUNGAR | Mise à jour le 12/07/2019
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Vendredi 19 juillet 2019 à 14h00